La cérémonie de remise des prix littéraires du lycée NDS 2020 et 2021 a eu lieu au lycée français Notre-Dame de Sion le 21 décembre 2021.
L’écrivain Mine Söğüt a remporté le Prix de littérature du lycée NDS 2021 avec son livre de nouvelles Rhinocéros publié par les éditions Yapı Kredi Yayınları.
Gaël Faye a remporté le Prix littéraire du lycée NDS 2020 pour son roman Petit Pays. Le roman, traduit en turc par Gizem Şakar, a été publié par les éditions Kafka.
Organisé depuis 2013, le Prix Littéraire NDS des Lycéens est décerné en alternance à une œuvre écrite en turc un an et à une œuvre écrite en français et traduite en turc l’année suivante. Dans le cadre de ce prix, un jury composé de lycéens est constitué chaque année en septembre. Tout au long de l’année, le jury lit et évalue les livres nominés et sélectionne le livre qui recevra le prix avant les vacances d’été. La cérémonie de remise de prix a lieu à l’école chaque automne.
Le Prix Littéraire NDS des Lycéens est le premier et unique dans son genre, en Turquie. Avec ce prix, le lycée français Notre-Dame de Sion entend souligner son engagement envers la littérature et les écrivains, et insuffler efficacement la passion de la lecture et du livre chez les jeunes.
La particularité de la cérémonie de cette année est la remise de deux prix, ceux de 2020 et 2021. La cérémonie de remise des prix, qui s’est déroulée le mardi 21 décembre à 10h45 dans la salle de spectacle du lycée, a été préparée et présentée par le Jury.
Gaël Faye a remporté le Prix littéraire du lycée NDS 2020 pour son roman Petit Pays, mais en raison de la pandémie, la cérémonie de remise des prix n’avait pas pu avoir lieu. Le prix a été remis à l’auteur lors de la cérémonie de remise des Prix Littéraire NDS des Lycéens 2021.
Gaël Faye n’ayant pas pu assister à la cérémonie de remise du prix en raison de son emploi du temps chargé, Fırat Yenici de Kafka Publishing a reçu son prix au nom de l’auteur.
Le jury des Lycées NDS qui tient à souligner l’importance du travail de la traduction a également récompensé Gizem Şakar, qui a traduit le roman Petit Pays en turc.
L’un des membres du jury, Buse Onur, a lu un extrait du livre Petit Pays. Ensuite, les élèves du Club de musique de l’école ont interprété la chanson "Respire" de Gaël Faye.
Le jury présente ainsi le roman du Petit Pays qui raconte la vie à Brundi de Gaby, un enfant de dix ans issu d’un père français et d’une mère Rwandaise, et l’histoire de tout ce qui change avec la guerre : « Cette œuvre, qui se fait remarquer par son langage réaliste et unique et ses descriptions vivantes qui donnent vie aux personnages dans une conception spatio-temporelle, nous a touchés. Nous sommes également émus par la force de la trame romanesque due au lien noué par l’écrivain avec son roman et au caractère semi-autobiographique de l’ouvrage. Nous sommes heureux d’annoncer que le Petit Pays n’est plus si petit, que ce petit pays grandira avec chaque nouveau lecteur et que chaque nouveau lecteur gardera ces deux mots au fond de son cœur ».
Gaël Faye
Gaël Faye est né en 1982 au Burundi d’une mère rwandaise et d’un père français. En 1995, après le déclenchement de la guerre civile et le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, il arrive en France. Après un master de finance, il travaille à Londres durant deux ans et par la suite il se lance dans l’écriture et la musique. Influencé par les littératures créoles que par la culture hip hop, il sort en 2013 son premier album solo. En 2016, il sort son premier roman, "Petit pays", qui obtient de nombreux prix, notamment le prix du roman Fnac, le prix Audiolib et le Goncourt des lycéens.
L’écrivain Mine Söğüt a remporté le Prix de littérature du lycée NDS 2021 avec son livre de nouvelles Rhinocéros publié par les éditions Yapı Kredi Yayınları.
Le jury présente ainsi le roman : « Cette œuvre marquante, qui fait allusion aux Rhinocéros, drame absurde d’Eugène Ionesco, s’y réfère non seulement dans son titre mais porte également le même esprit dans ses pages. Tout au long de ses quinze nouvelles, elle montre la vraie brutalité de la vie moderne dans toute sa nudité et sa violence comme si elle poursuivait les rythmes de nos vies insensées et étouffées en s’attardant désormais sur les vestiges d’un monde complètement perdu. Dans ces nouvelles, elle fusionne, avec un peu de satire, de pessimisme et de froideur, des éléments grotesques avec les cadres simples de la vie quotidienne en critiquant sans relâche nos rituels et coutumes contemporains, dont la banalité est terrifiante. Elle nous présente également l’absurdité de cette vie. A l’âge du conformisme, elle se révolte, se redresse au lieu de fermer les yeux. Elle rassemble ces attitudes dans le symbole du rhinocéros. Par conséquent, le livre se termine comme il commence, par la figure du rhinocéros ».
Présente à la cérémonie, l’écrivaine Mine Söğüt a parlé ainsi :
« En fait, je n’aime pas du tout les prix. Je trouve problématique que les œuvres d’art soient évaluées en se rivalisant entre elles devant des jurys. Et par principe, je n’ai jamais postulé à des prix avec mes livres, je reste à l’écart des compétitions. J’écris depuis 20 ans, c’est le premier prix décerné à mes écrits dans le domaine de la littérature et c’est un prix très, très précieux. Ce qui fait sa valeur, ce n’est pas le fait qu’il soit le premier ou qu’il me soit décerné sans ma propre candidature, mais c’est plutôt le fait qu’il me vienne de vous, jeunes lecteurs qui représentent pour moi les vrais lecteurs. Aussi, je ne peux pas vous dire à quel point cela me rend heureuse.
[….] J’ai grandi en rêvant de vivre dans un monde où il n’y aurait jamais de violence physique, mais dont la force provient de la présence d’une majorité de personnes à forte conscience, qui auraient toujours le courage de s’opposer à l’injustice et au mal, d’y résister et de se révolter et de confronter la réalité. Ce rêve ne s’est jamais réalisé.
Cependant l’existence continue d’une génération qui entretient ce rêve renforce la probabilité que ce rêve se réalise un jour. Cette probabilité est le plus grand des prix pour moi ».
Après avoir reçu le prix, l’écrivaine Mine Söğüt a prononcé un discours et a répondu aux questions des étudiants.
A l’issue de la cérémonie, le directeur de l’école Monsieur Alexandre Abellan et la directrice adjointe turque Mme Suzan Sevgi ont félicité l’auteur et les membres du jury, et remercié les membres de la presse et les maisons d’édition participant à la cérémonie de remise des prix pour leur participation.
Rhinocéros
Avec son livre de nouvelles Rhinocéros, Mine Söğüt continue sur les traces des Inoubliables histoires de Femmes Folles. Elle crée des nouvelles époustouflantes dans un langage à haute tension. Elle secoue profondément ses lecteurs avec les perspectives qu’elle apporte aux événements actuels et l’époque dans lequel nous vivons. Un feu brûle. L’obscurité se dissipe.
Mine Söğüt
Journaliste et écrivain, née à Istanbul en 1968. Elle est diplômée du lycée pour filles de Kadıköy en 1985. Elle a terminé ses études de premier cycle et Master à l’Université d’Istanbul, Faculté des lettres, Département de langue et littérature latines. Mine Söğüt a commencé sa carrière de journaliste dans le journal Güneş en 1990. Elle a ensuite travaillé au magazine Tempo et au journal Yeni Yüzyıl. Ses articles et interviews ont été publiés dans divers magazines et journaux. Longtemps elle a écrit ses opinions sur les événements sociaux et politiques dans la rubrique intitulée "Insomnie" du journal Cumhuriyet.