Prix Littéraire NDS 2012, le discours de la présidente du jury Madame Tomris Alpay

Son Excellence l’ambassadeur de France en Turquie,
Monsieur le Consul général,
Chers Mathias Enard, Tülay Güngen , Aysel Bora, Aslı Genç, Chers invités ;

Nous sommes ici, rassemblés, ce soir, pour la cérémonie du Prix littéraire NDS 2012. Soyez les bienvenus.

Délivré depuis 4 ans déjà, le Prix littéraire occupe une place importante parmi les diverses activités artistiques du lycée NDS et constitue une initiative originale dans son genre.
Cette année, conformément au règlement, le prix est délivré à l’auteur d’une œuvre, écrite et publiée en français, et traduite en turc.
Le Jury a également apprécié le traducteur, qui a permis à l’œuvre d’être facilement lue et comprise dans sa profondeur originale, par une autre communauté linguistique.

Je dois vous avouer que c’est avec plaisir que notre jury constituée de 9 membres a lu les œuvres de langue française traduites et publiées dans notre langue, de 2009 à 2011.

Une famille célèbre et ses parentés hors normes – la citoyenneté du monde qui se manifeste comme une conséquence de la mondialisation et les histoires frappantes de ceux qui cherchent leurs racines sous cette identité-là – des échanges de sentiments inexprimés avec le père – un père qui nous raconte ses enfants particuliers, avec une pointe d’humour noire,
Et les auteurs qui installent un pont imaginaire entre le passé et le présent d’Istanbul, pont entre l’Europe et l’Asie, en unissant deux mondes contradictoires...
Nous avons lu leurs œuvres d’une traite, et une fois terminées, elles ne nous ont plus quittés. Cette année, nous ne nous sommes pas contentés de délivrer un prix, mais nous avons également accordé une mention.

Avec son œuvre « Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants », Mathias Enard, lauréat 2012 du Prix littéraire NDS, installe un pont historique, culturel et anthropologique entre Istanbul et Florence, en l’an 1506.
 !!. Michel Ange n’a pu réaliser le pont, dont Bayezid rêvait sur la Corne d’Or, mais Mathias Enard nous raconte une société ottomane tolérante. Ouvrant de nouveaux horizons sur nos connaissances relatives à cette époque, il se fait quasiment le témoin des années lumineuses.

Avec une histoire autour de 3 personnages historiques, Bayezid II, Michel Ange et le Messie de Pristina, où se confondent amour et jalousie, Mathias Enard installe d’une main de maître, les ponts entre les deux mondes, entre des confins qui semblent contraster : le Sultan / le Pape – Le Christianisme / l’Islam – la guerre / la poésie – l’Orient / l’Occident.

Comme je l’ai dit au début de mon allocution, une fois lues, certaines œuvres ne nous quittent plus. Elles continuent à vivre dans nos pensées. « Où on va, papa ? » est une autobiographie d’un père, qui vit avec ses deux enfants handicapés, et qui raconte dans un langage original, les sentiments aigus auxquels il est en proie, tels que la colère, la culpabilité, la déception, la destruction morale, l’amour confuse.

Nous avons quitté pour un bref moment, le monde dans lequel nous vivons, pour nous retirer dans le monde de Jean-Louis Fournier. Une expérience comme celles que l’on vit en lisant des romans ou des histoires, ou en regardant des films qui ont été réussis.
Avec son œuvre « Où allons-nous, papa ? », Jean Louis Fournier obtient la mention du jury du Prix littéraire NDS.

Je voudrais vous citer un extrait de ce que Gabriel Garcia Marquez - l’écrivain au Prix Nobel, dont les œuvres ont été traduites dans de nombreuses langues - a écrit sur les traducteurs :
« Dans mes livres, il est assez difficile de comprendre entièrement certains passages. Je me dis que le traducteur lit l’original du livre, et qu’il écrit à nouveau ce qu’il en a retenu. C’est pour cela que j’admire les traducteurs. »
Je suis sûre que le grand écrivain respecte infiniment les traducteurs. Mais il a préféré l’exprimer avec un sens d’humour.
Une bonne traduction, c’est toujours une façon de recréer l’œuvre dans une autre langue.

Suivant le règlement du Prix littéraire NDS : le prix de la traduction va à Aysel Bora qui, grâce à une traduction subtile des livres « Parle-leur des guerres, des rois et des éléphants » et « Où allons-nous, papa ? », a su les rendre aussi entraînants, et Aslı Genç obtient la mention.
Chers invités, ce soir, au nom du jury et au nom du lycée NDS, je félicite en votre présence, Mathias Enard, Jean Louis Fournier, Aysel Bora et Aslı Genç pour leur réussite dans les œuvres qu’ils ont produites.

Je remercie cordialement de leur contribution : Yazgülü Aldoğan, Feyza Zaim, Mayda Saris,Özlem Yüzak, Lizi Behmoaras, Emel Kefeli, Zeynep Sabuncu et Arzu Öztürkmen, qui ont travaillé dans la seconde période de 3 ans du jury du Prix littéraire NDS et qui ont consacré du temps aux travaux du jury malgré un rythme de travail intense.

Et je remercie également sincèrement les membres de l’Association des Anciens de NDS qui nous ont soutenus. Je vous remercie de votre attention et vous souhaite à tous et à toutes, une excellente soirée.