Le discours du Consul Général de France à Istanbul M. Bertrand Buchwalter

La cérémonie de la remise du Prix Littéraire Notre-Dame de Sion
Le discours du Consul Général de France à Istanbul M. Bertrand Buchwalter
9 mai 2018 à 18h30 - Palais de France

Madame la Présidente du jury,
Mesdames les membres du jury,
Monsieur le directeur du lycée Notre-Dame-De-Sion,
Cher Jean-Paul Didierlaurent,
Chers amis,

Je suis très heureux d’être parmi vous ce soir pour cette dixième cérémonie de remise du Prix littéraire Notre-Dame-De-Sion. Chacun connaît désormais le principe de ce prix accordé chaque année par un merveilleux jury, composé d’anciennes élèves du lycée : vous récompensez, en alternance, l’œuvre d’un auteur turc puis d’un auteur français traduit en turc.

Bien évidemment, cette soirée est un peu particulière : célébrer une dixième année, pour quoi que ce soit, emplit toujours d’une fierté sincère et méritée. Je tiens à saluer toutes celles et ceux qui rendent chaque année cet événement possible.

Depuis 10 ans maintenant, le prix littéraire Notre-Dame de Sion est donc l’un des plus beaux outils du dialogue franco-turc : cette récompense – et la soirée qui l’accompagne – est le signe de l’interpénétration de nos cultures, le signe des échanges que nous avons, la preuve que les liens intellectuels et artistiques entre Français et Turcs ne cessent de se renforcer.

Alors, il paraît tout naturel que ce soit Notre-Dame-De-Sion qui abrite un tel « succès franco-turc ». Cette prestigieuse institution, toujours présente au rendez-vous de l’énergie culturelle stambouliote, ne cesse de servir avec passion et dynamisme l’amitié franco-turque qui nous rassemble ce soir.

Et permettez-moi d’ajouter que je pense qu’il n’est pas anodin que la littérature soit à l’honneur ce soir. Elle est sans doute l’un des meilleurs moyens qu’il existe pour se plonger dans l’intimité d’un pays, d’une culture ; elle est un train vers des sensations cachées, qu’on ne pourrait peut-être pas déceler en se privant de lecture. Curieusement, ce plongeon dans le pays ami est parfois d’autant plus fort quand il passe par la lecture d’une traduction. On dit souvent « traduire, c’est trahir ». Je crois que le prix littéraire Notre-Dame-De-Sion montre au contraire que traduire c’est servir. Servir le dialogue. Servir la compréhension mutuelle. Servir le partage de sensations. C’est construire des ponts, tout simplement. Et, en ces temps parfois difficiles où les tourments se multiplient, les ponts sont précieux : il nous faut les construire et les renforcer quand ils existent déjà.

Amoureux de la Turquie et de sa littérature, j’ai eu l’occasion de lire beaucoup d’œuvres traduites en français, notamment grâce à la formidable activité de maisons d’édition françaises qui encouragent la publication de classiques – et de moins classiques – de la littérature turque. A chaque lecture des chefs d’œuvres de Nazim Hikmet, de Yasar Kemal, de Zülfü Livaneli, d’Asli Erdogan, d’Orhan Pamuk, de Ihsan Oktay Anar, comme de bien d’autres qui mériteraient d’être cités, souvent superbement traduits, je me plongeais en Turquie. Je dois l’avouer, souvent, j’aime les lire directement en turc – c’est aussi un bon exercice !
J’ai eu la chance de rencontrer certains de ceux qui nous sont contemporains et de me rendre compte de l’importance qu’ils portent à l’accessibilité de leur travail à l’étranger, a fortiori en France.

Cher Jean-Paul Didierlaurent, en vous voyant remettre ce prix, ici à Istanbul, vous enrichissez, par votre beau roman, Le liseur du 6h27, le rapprochement franco-turc. La traduction qui est proposée aux lecteurs de Turquie laissera votre œuvre aussi touchante qu’elle l’est dans sa version originale. Soyez-en certain, cette belle histoire est compatible avec « l’esprit du lieu » ; la grande sensibilité que l’on ressent à la lecture de l’histoire de Guylain saura être reçue à Istanbul comme ailleurs en Turquie. Très sincèrement, je veux vous dire, comme les « groupies » Monique et Josette le disent à Guylain : « ça nous fait drôlement du bien ».
Je vous adresse toutes mes félicitations.

Un grand merci à toutes et tous de votre présence ce soir. Ensemble, célébrons la littérature et l’amitié franco-turque ; célébrons ce qui fait le Prix Littéraire Notre-Dame de Sion.

Je vous souhaite une très belle soirée.