NDS : quand l’école s’engage à former ses élèves à la permaculture

Face à l’intensification de la production industrielle et au développement des mégapoles, former des individus conscients des enjeux environnementaux devient nécessaire. C’est ainsi que huit lycées privés d’Istanbul ont lancé en 2014 le projet : « un mode de vie durable ». Les deux professeurs responsables de projet sont Ferda Sezer et Seval Erol.

A travers plusieurs clubs, l’école sensibilise les élèves aux problèmes liés à notre environnement comme la pollution, la déforestation et la désertification des villages ainsi que des projets d’écotourisme dans le cadre du développement rural. Ces projets ont pour objectif de redynamiser l’économie locale en créant ou soutenant des activités qui procurent de nouveaux revenus aux villageois tout en respectant l’environnement naturel.

Le village Alpagut rattaché à la sous-préfecture de Seben a été désigné pour la réalisation du projet « mode de vie durable », sur une durée de 4 ans, pour la présentation et l’expérimentation de la permaculture. Cette dernière est une méthode d’action globale pour la réalisation des habitats et des systèmes agricoles, respectueuse de la nature et de la biodiversité, visant une production agricole durable et économe en énergie. Lancé par deux Australiens dans les années 1970, elle permet aux individus de concevoir leur environnement de façon à être moins dépendants des systèmes industriels de production et de la distribution.

Les lycées participant à ce projet et les professeurs responsables sont : Americain Robert (Ferda Sezer), Notre Dame de Sion (Seval Erol), Marmara Sedat Toy), Mef (ErolŞahin), Saint Michel (Inci Kimyonşen), Eyüboglu (Gözde Gırgırlar), Ted (Didem Demirci) et Koç (Figen Alp).
Permis les objectifs de ce projet, on peut citer : la réalisation d’un jardin de permaculture afin de sensibiliser les élèves à l’apprentissage de l’agriculture durable ; faire découvrir aux élèves l’interaction entre la terre, l’eau et les plantes ; créer une demande des produits agricoles naturels qui engendreraient des revenus supplémentaires aux les villageois et les inciteraient grâce à la permaculture de revenir à l’agriculture traditionnelle.

Le projet a démarré en octobre 2014 et a été très chaleureusement accueilli par les habitants et les autorités locales qui ont mis à la disposition des écoles un terrain de 2000 m².

Dans le cadre de ce projet, les professeurs et leurs élèves, ont d’abord suivi une formation de permaculture ainsi que des travaux d’atelier au lycée Koç avec Taner Aksel. L’année dernière, les élèves de chaque lycée ont préparé des composts au sein de leur établissement, et, conformément aux principes de permaculture, ont fait germer des grains naturels. Au printemps, ils sont allés au village pour les planter sur l’emplacement prévu à cet effet, avant de récolter leur production en automne. A tour de rôle, chaque établissement s’est rendu au village pour installer le jardin de permaculture et d’y faire de l’agriculture durable. Ils se sont occupés de l’entretien du jardin, équipé en système d’arrosage goutte à goutte. Par ailleurs, grâce aux fonds récoltés par les actions des élèves durant l’année, le bâtiment se trouvant à proximité du terrain a été rénové selon les critères des habitats verts en y installant des panneaux solaires et un bassin pour récupérer et stocker l’eau de pluie.
 
Le samedi 23 avril, j’ai accompagné les élèves de quatre lycées (Robert, Notre Dame de Sion, St. Michel et Eyüboğlu) à Bolu-Seben et au village Alpagut. L’objectif était de préparer le jardin de permaculture avant d’y planter des graines pour la seconde année consécutive. Entourés de leurs professeurs, les élèves découvrent dans le cadre de ce projet le monde rural et les problèmes auxquels les habitants sont confrontés : la menace de la disparition des techniques d’agricoles traditionnelles ainsi que l’utilisation abusive des engrais chimiques, les graines hybrides…

Ces découvertes et expériences vont incontestablement renforcer une prise de conscience pour la protection de l’environnement et l’avenir du monde rural. Je ne peux terminer cet article sans féliciter le formidable travail effectué par ces professeurs passionnés qui consacrent leur temps et leur énergie afin de former une jeunesse soucieuse et responsable de l’environnement.

Mireille Sadège
Article publié dans le numéro de mai 2016 d’« Aujourd’hui la Turquie »