Discours de Tomris Alpay-Présidente du Jury

Monsieur l’Ambassadeur
Madame la Consule Générale,
Chers invités,
(Chers) amis de l’art

Ce soir, nous allons être témoins d’une autre étape du voyage éducatif du lycée NDS, que 11 sœurs avaient initiés en 1856.

Durant cette période, de plus de 150 ans, avec la langue française, sa littérature et sa culture, NDS a laissé des traces marquantes dans la vie sociale, artistique et politique du pays.

Avec son prix littéraire qu’il a institutionnalisé cette année, le lycée NDS, qui contribue à la coopération culturelle franco-turque, amène une nouveauté à cette union.

Le prix littéraire NDS a pour objectif d’instaurer une tradition entre la littérature turque et les auteurs francophones.
Alternativement, une année sur deux, le prix sera délivré à l’œuvre d’un auteur turc écrivant en turc,et l’année suivante, à un auteur turc ou étranger, écrivant en français et traduit en turc.

Notre premier prix coïncide cette année avec les différentes manifestations de la Saison turque en France. Le prix 2010, sera un plus dans les manifestations artistiques d’ ’’Istanbul, capitale européenne de la Culture’’.

Je voudrais ce soir vous faire part d’une proposition que notre chère professeur de philosophie et de logique Yani Anastiadis nous avait faite, et qui demeure toujours dans un coin de mon esprit.
« Ce que vous apprenez, qu’il s’agisse d’histoire, de mathématiques, de littérature, de géographie ou de n’importe quoi d’autre, ne le gardez pas dans des boîtes cérébrales. Ouvrez tous les couvercles, laissez ces connaissances circuler librement, s’assimiler entre elles, et créer des ponts de culture.
Tout comme le pont culturel qui s’installe avec le prix littéraire NDS.

Comme vous pourrez le remarquer, d’après les années portées sur les invitations, les 9 membres du jury du prix littéraire NDS se répartissent sur une période de 30 ans. Dans la seconde moitié des années 1900, c’est un processus long, et significatif du point de vue socio-culturel.

Lorsque nous nous sommes réunis en septembre 2008, nous avons évalué des centaines de livres grâce aux connaissances culturelles communes que nous a apporté NDS. Nous avons eu des discussions. Mais nous avons a chaque fois constaté avec fierté que nos opinions convergeaient, et nous avons été encore une fois fières de notre école.

Lorsqu’on est arrivé au mois de mars 2009, c’est parmi 250 œuvres que nous avions sélectionné les deux œuvres que nous allons récompenser ce soir.

Calenderia est une œuvre qui se distingue par son montage, couvrant 3 périodes différentes, ainsi que par sa langue. Lorsqu’il écrit « il y a un lieu où le temps ne cesse d’y tourner et d’y retourner », Gürsel Korat définit le temps, qui forme l’esprit du livre. Et étymologiquement, Calenderia, c’est celui qui indique le temps. Par ailleurs, Calendar, c’est le nom qu’on donne aux derviches anatoliens. Gürsel Korat nous a emmenés vers un voyage magique, avec des événements qui se déroulent en Cappadoce, avec des héros et des identités distinctes.

Quant à Ayşegül Çelik, en courant derrière des histoires qui attendent d’être écrites, elle a rattrapé Şehper dans des sentiers nuageux que personne n’arrivait à traverser, Gülmisal, dans les fleurs qui tentaient de s’ouvrir, Suna dans le sommeil où elle était tombée, Mme Lena, là où la mer touchait le sable, et la vie, dans la grande roue du parc d’attraction. C’est sur une aile d’oiseau que « Şehber, l’oiseau dans le couloir » nous a transportés dans le monde secret des femmes.

Ce soir, je remercie, en votre présence, Gürsel Korat et Ayşegül Çelik d’avoir enrichi notre littérature avec ces belles œuvres. Par ailleurs, je me dois de remercier cordialement mes amis les jurés.

La coopération culturelle du lycée NDS ne se limite pas à la littérature. Chaque semaine, à la salle de concert du lycée, on donne des concerts avec un vaste répertoire, allant du tango à la musique classique occidentale, en passant par la musique turque. Aussi, la galerie d’exposition, inaugurée cette année à l’entrée du lycée, a déjà accueilli de belles expositions. Les effets positifs de ces activités artistiques sur les élèves du lycée et sur la société deviendront plus marqués avec le temps, et le pont culturel établi par le lycée NDS sera une voie lumineuse pour les jeunes générations.

Avant de vous souhaiter une soirée agréable, je voudrais terminer mes paroles avec un extrait tiré du Cyrano de Bergerac de l’écrivain français Edmond Rostand. Je ne pourrais m’empêcher de saluer Sabri Esat Siyavuşgil qui, après l’auteur, redonne à cette œuvre immortelle, une nouvelle vie en langue turque, grâce à sa traduction extraordinaire .

N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !